BEAM décolle dans l’impression 3D métallique. C’était au Business Club (podcast)
Dans le Business Club de France | Uniquement sur BFM Business Radio
→ Diffusion : samedi 30/04/2016 à 7h | dimanche 01/05/2016 à 15h
Talk 1: AIRBORNE CONCEPT : unique au monde, le drop n’drone arrive à l’automne 2016
Talk 2: FRICHTI : 12 millions € levés et 200 personnes d’ici fin 2016!
Talk 3: BEAM réalise sa 2ème levée de fonds pour accélérer l’international
Talk 4 : Le rendez-vous du médiateur des entreprises, avec Pierre Pelouzet
TALK 3: BEAM, avec Emeric d’Arcimoles, PDG
Ecouter, réécouter et télécharger cette interview:
Premier fabricant européen de machines de fabrication additive basées sur la technologie LMD (Laser Metal Deposition), BeAM propose la fabrication et la réparation de pièces métalliques par déposition de poudres métalliques. La société a été créée en 2012 et est en croissance très forte. BeAM accompagne ses clients dans l’industrialisation de leurs procédés de fabrication et de réparation par différentes étapes: études de faisabilité, production pilote, ventes de systèmes, formation. BeAM c’est aussi une expérience reconnue dans l’aéronautique avec la réparation de pièces de moteurs d’avion qui reste à ce jour le plus haut niveau de mise au point d’applications industrielles dans le monde l’impression 3D. BeAM fait partie du GIFAS, Syndicat des industriels de l’aéronautique et du spatial et est lauréat 2015 des Trophées de l’aéronautique dans la catégorie « Innovation ».
LES CHIFFRES CLÉS DE BEAM
- Date de création: 2012
- Lieu: Illkirch (Bas-Rhin)
- CA: 1,2 million en 2015, objectif 7 millions en 2016
- Effectif: 8
L’ACTUALITÉ DE BEAM
23/3/2016 – BeAM réalise une 2ème levée de fonds, d’un montant de 3 Millions Euros, pour accélérer son développement international
BeAM est convaincu que ses machines viendront compléter rapidement les technologies classiques de fabrication de pièces métalliques pour développer de nouvelles applications dans le domaine de la fabrication et de la réparation. Bien implanté dans les secteurs de l’aéronautique, du spatial et de la défense avec des références comme Safran et Chromalloy, BeAM souhaite se positionner rapidement sur d’autres marchés tels que les industries de l’énergie, du naval, du ferroviaire….
« La technologie de BeAM va bouleverser, entre autres, le business model en matière de réparation et de recyclage de pièces dans l’aéronautique et dans d’autres industries. Notre objectif est de garder notre avance technologique et d’exporter notre technologie à l’international pour faire de BeAM un des leaders de la fabrication additive. » ajoute Emeric d’Arcimoles, Président de BeAM.
Février 2016 – Emeric d’Arcimoles, nouveau pilote de BeAM
L’impression 3D par dépôt de poudres métalliques, la start-up alsacienne BeAM en est l’un des précurseurs. D’ailleurs, l’américain Chromalloy, un des leaders mondiaux de la prolongation de la durée de vie des moteurs, utilise ses machines pour reproduire les pièces d’origine. A la tête de BeAM depuis quelques jours, Emeric d’Arcimoles ambitionne d’en faire l’une des majors de la fabrication additive.
Dès sa création, la jeune pousse issue du centre de ressources technologiques (CRT) Irepa Laser avait éveillé l’intérêt du « top manager » français de l’aéronautique qu’est Emeric d’Arcimoles, actuellement commissaire général du Salon du Bourget. « La technologie de BeAM va chambouler le business model en matière de réparation et de recyclage de pièces dans l’aéronautique, mais aussi dans bien d’autres industries », lâche ce Lot-et-Garonnais, engagé et affable, qui, très vite, a rejoint l’équipe alsacienne.
Son carnet d’adresses et son entregent dans les milieux aéronautiques mondiaux en font désormais un président de poids pour cette entreprise créée par Emmanuel Laubriat, vice-président exécutif en charge du développement, et qui compte bon nombre de VIP parmi ses actionnaires avec, entre autres, Hervé Guillou, PDG de DCNS, et Philippe Varin, président d’Areva. Quant au nouveau « big boss », il sera donc l’ambassadeur international de ce procédé français d’impression 3D par fusion laser, destiné à équiper ces machines dites « additives » et amenées, il en est sûr, à se substituer plus rapidement que l’on croit aux équipements classiques d’usinage et de fraisage.
Surnommé « le châtelain »
Le gotha de l’aéronautique, Emeric d’Arcimoles en est depuis des lustres l’un des piliers. Il est d’ailleurs l’hôte de nombreux séminaires de la profession dans son château de Gascogne, situé à Aubiac, entre Bordeaux et Toulouse. Et dans ce milieu, beaucoup l’appellent « le châtelain », connaissant sa passion pour la rénovation du patrimoine historique. « C’est vrai, je suis un manuel, un maçon avec sa truelle », dit-il en souriant. Ceux qui le fréquentent au château le savent bien, difficile d’être plus bricoleur que lui.
Lorsqu’il délaisse les joies de la restauration ou qu’il n’est pas juché sur son tracteur, c’est qu’il s’adonne à son autre passion, l’apiculture, avec une quinzaine de ruches. « J’ai essentiellement du miel de fleur et de tournesol, environ 200 kilos par an », dit-il. Du moins lorsqu’il n’y a pas de catastrophe : « L’an dernier, j’ai perdu la moitié de mon cheptel à cause des pesticides qu’épandent des voisins agriculteurs », s’agace l’aristocrate. Pour autant, il ne cède rien, il remplacera les ruches, foi de Gascon.
Mais à vrai dire, Emeric d’Arcimoles ne se prend pas vraiment au sérieux, maniant l’humour avec une rare élégance et un zeste d’humilité. « J’ai toujours su m’entourer de gens plus brillants que moi, ça vous tire vers le haut. Et lorsque vous aimez les gens, dit-il, vous les faites progresser et vous progressez aussi. »
Un DEA de thermodynamique en poche, il débute sa carrière en 1974 à la Snecma (Safran), dans l’après-vente de moteurs d’avion, notamment du Mirage 2000. Très vite, il dirige le pôle « sous-traitance » de l’usine de Gennevilliers. Et intègre parallèlement HEC, pour se roder à la gestion d’entreprise. De quoi le propulser aux commandes de cette même usine, puis de celle de Bois-Colombes chez Hispano-Suiza, autre filiale de Safran.
En 2001, il devient PDG de Turbomeca, leader mondial des turbines d’hélicoptères, ainsi que de sa filiale commune avec Rolls-Royce. Quelques années plus tard, le voilà numéro deux de Safran, comme directeur général adjoint en charge du développement international.
Aujourd’hui, ne lui parlez pas de retraite : à soixante-huit ans, ce vétéran de l’aéronautique est plus actif que jamais. Que ce soit dans l’organisation du prochain Salon du Bourget ou aux côtés des ingénieurs de BeAM, installés depuis peu dans des locaux du Parc d’innovation de l’Eurométropole de Strasbourg, à Illkirch : « Mi-février, nous avons déjà dépassé l’objectif du premier trimestre », s’enthousiasme-t-il en évoquant la perspective des 7 millions de chiffre d’affaires cette année, contre 1,2 million en 2015.
Pour accompagner cette montée en puissance, le tandem d’Arcimoles-Laubriat a déjà programmé deux levées de capitaux et vient de nommer des responsables « export » pour le Japon, le Canada et Singapour.
BeAM, la start-up alsacienne qui rivalise avec les Américains
La start-up alsacienne BeAM (Be Additive Manufacturing) est véritablement en train de prendre son envol commercial. Trois ans après sa création en décembre 2012, le fabricant de pièces métalliques par impression 3D, qui rivalise avec ce qui se fait de mieux aux États-Unis, fait face à un marché en plein développement. Selon Émeric d’Arcimoles, actionnaire de BeAM et conseiller de la direction générale de Safran, BeAM a « dans le pipe (tuyau, ndlr) la possibilité de vendre une cinquantaine de machines« . La start-up alsacienne vise notamment les marchés de des industries aéronautique et pétrolière/gazière (oil & gas).
« C’est quasiment la seule société en Europe, qui rivalise dans ce domaine avec les Américains, constate d’ailleurs le PDG de DCNS, Hervé Guillou, qui est lui aussi un des actionnaires de la start-up. Il y avait une position à prendre très, très vite car il existe un véritable besoin ». Et BeAM, qui maîtrise la technologie CLAD (Construction laser additive directe), l’a prise en deuxième, juste derrière le leader du marché, l’américain Optomec. Cette technologie permet à BeAM de fabriquer et de réparer des pièces métalliques par déposition de poudres elles-mêmes métalliques.
(…) Un décollage commercial réussi grâce à Safran, et plus précisément à son centre de son R&T (Recherche et Technologie), qui a commandé à BeAM en juin dernier la toute première machine après deux ans de travail en commun. « Ce travail réalisé en amont avec Safran nous a permis de gagner du temps pour arriver plus vite à des résultats industriels », estime le PDG de BeAM.
« Cette commande a été un signal fort au marché, confirme Emmanuel Laubriat. Car Safran est un grand acteur de l’industrie aéronautique. Nous les avons convaincus en produisant des pièces ». Le groupe a aussi engrangé une commande de deux machines pour le groupe américain Chromalloy, spécialiste de la mécanique aéronautique avec lequel BeAM a aussi beaucoup travaillé en amont. La start-up devrait en vendre trois autres à l’étranger et en France d’ici à la fin de l’année. BeAM propose deux types de machines, une grosse de 9 tonnes (environ 1,5 million d’euros à l’achat) et une petite de deux tonnes 700.000 euros environ) avec des délais de livraison respectifs de dix mois et de sept mois. Des délais qu’Emmanuel Laubriat cherche à réduire.
Une start-up à la conquête du monde
BeAM a de grandes ambitions. La start-up alsacienne a d’ailleurs décidé de partir à la conquête du monde. « Le conseil d’administration de BeAM a décidé d’ouvrir une filiale aux États-Unis », indique Émeric d’Arcimoles. Elle a le projet d’implanter un site de production sur place. Car c’est aux États-Unis que le marché est le plus intéressé par cette technologie. « La France n’a pas encore trouvé un intérêt pour la CLAD », regrette-t-il. Et de préciser que BeAM va ouvrir plusieurs bureaux à l’international en vue de prospecter sur le plan commercial. Huit pays sont visés : Allemagne, Australie, Canada, États-Unis, Japon, Pologne, Russie et Turquie.
En outre, BeAM peut également s’appuyer depuis juin sur le réseau commercial du groupe d’ingénierie industrielle Fives (1,5 milliard de chiffre d’affaires en 2014 pour 8.000 salariés) avec lequel la start-up a signé un partenariat. Celui-ci précise que le constructeur de machines et de lignes de production multi-secteurs (aluminium, acier, verre, automobile, aéronautique, ciment et énergie) fournit à BeAM des machines 5 axes fabriquées dans ses usines françaises qui intégreront les matériels technologiques CLAD.
BeAM veut devenir le leader mondial
Emmanuel Laubriat estime le marché mondial à 250 machines d’ici à cinq ans. BeAM, qui vise un tiers de ce marché, veut en devenir le leader mondial en se fixant comme objectif un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros en 2020. Emmanuel Laubriat prévoit également à l’horizon de 2018 un effectif d’une cinquantaine de personnes. Pour l’heure, il l’a déjà quasiment doublé en recrutant sept personnes (actuellement 8 salariés).
Pour Emeric d’Arcimoles, « l’un des défis à court terme de BeAM est de maîtriser la montée en cadence ainsi que sa croissance en organisant un écosystème industriel autour de cette société ». Pour limiter les coûts de développement, BeAM compte s’appuyer sur les centres de recherche et les universités du monde entier en y installant de nouvelles machines. « Il y a par exemple des discussions avec l’École polytechnique », souligne Émeric d’Arcimoles.
C’est d’ailleurs également pour cela que la start-up, qui a été valorisée à 2 millions d’euros lors de la première levée de fonds, en prépare une seconde, explique Hervé Guillou. une levée de fonds à laquelle il souhaite participer. Le PDG de DCNS croit « au potentiel considérable » de BeAM, qui est « une belle aventure industrielle ». « J’ai vu tout de suite le potentiel de cette technologie de rupture », souligne Emeric d’Arcimoles. « Nous voulons être le meilleur intégrateur multiculturel, aussi bien dans l’optique que dans l’aéronautique et le nucléaire… » ajoute Emmanuel Laubriat.
Pourquoi un tel potentiel?
BeAM est pour l’heure une petite pépite, qui a eu le temps de trouver son marché et surtout de faire maturer la technologie CLAD. Cette dernière est le fruit de près de 15 ans de développement par le centre de recherche alsacien IREPA LASER, en vue de fabriquer et de reconstituer des pièces métalliques par impression 3D. BeAM est une spin-off du Centre régional d’innovation et de transfert de technologie (CRITT) IREPA LASER, expert en traitement, assemblage et usinage des matériaux par laser. Un CRITT est une structure scientifique créée dans les années 1980 et qui regroupe les acteurs locaux du monde professionnel et de la recherche publique dans un domaine donné.
La fabrication additive (impression 3D) représente aujourd’hui une technologie prometteuse. A ce jour, même si son utilisation reste modeste, les applications industrielles commencent à émerger dans l’aéronautique, la défense, le nucléaire, le médical… « Cette technologie s’adresse notamment à tout le marché de la réparation aéronautique, estime Hervé Guillou. Elle va permettre d’en diminuer les délais ». La fabrication additive permet également une fabrication proche des lieux de consommation et une conception de produits à la géométrie nouvelle, dont les niveaux de performance et d’efficacité énergétique n’auraient jamais pu être atteints avec les procédés classiques de fabrication.
Une longueur d’avance
Cette technologie « difficile à mettre au point », selon Emeric d’Arcimoles, limite également la perte de matière en fin d’usinage. Enfin, cette technologie permet de mélanger plusieurs métaux dans une même pièce, en la commençant par de l’acier pour la finir avec de l’inox. « Elle va améliorer la performance économique des procédés industriels, explique Emmanuel Laubriat, qui veut aller encore plus loin. L’idée est de contrôler la pièce quand on la fabrique ».
« Nous avons gardé notre avance depuis quatre ans », affirme le PDG de BeAM, Emmanuel Laubriat. Car beaucoup des concurrents de BeAM ne maîtrisent pas la technologie. « Il n’y a pas d’optimisation de l’intégration, explique Emeric d’Arcimoles. Ce qui n’est pas le cas avec BeAm qui vend cette intégration ».
Des parrains prestigieux
Outre Émeric d’Arcimoles et d’Hervé Guillou, trois autres personnalités ont investi au total un million d’euros dans cette start-up et en ont rejoint le conseil d’administration. Il s’agit de Philippe Varin, président du conseil d’administration d’Areva, de Frédéric Sanchez, président du directoire du groupe Fives, et de Maurice Bérenger, PDG de Protip Medical, une entreprise alsacienne spécialisée dans les technologies médicales en laryngologie.
Un montant qui a permis à BeAM de développer son activité de R&D (Recherche et Développement), de recruter 15 personnes d’ici à fin 2015), de s’installer dans ses propres locaux et, enfin, de commencer à déployer son implantation internationale. « Au-delà de l’argent, ces personnalités apportent à BeAM la compétence et la notoriété », estime Emmanuel Laubriat.