jeux de société
Ce week-end, on joue! Focus sur le marché du jeu de société, à l’occasion du Festival des Jeux de Cannes. C’était au Business Club (podcast)
Au Business Club de France
Uniquement sur BFM Radio!
→ Diffusion : samedi 18/2/2017 à 7h | dimanche 19/2/2017 à 14h
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TALK 1/2/3: LA FRANCE, CHAMPIONNE DES JEUX DE SOCIÉTÉ
TALK 4: Le rendez-vous du Médiateur des Entreprises, avec Pierre Pelouzet
TALK 1/2/3: LE MARCHE DU JEU DE SOCIÉTÉ, avec Nadine Seul, Commissaire Générale du Palais des Festivals Festival International des Jeux – Cannes / Jean-Marc Sylvestre, journaliste et créateur du jeu Ecomania / Leonidas Vesperini, DG fondateur de MYTHIC GAMES / Catherine Watine, Jury des As d’Or et propriétaire d’une ludothèque à Montreuil
Pour écouter, réécouter et télécharger cette interview:
LES FRANÇAIS SONT JOUEURS!
60% des Français aiment jouer, ils sont 79% à se déclarer bons joueurs et jouent quasiment tous à des jeux de société et à des jeux de cartes. On observe davantage de bons joueurs déclarés chez les femmes (82%) que chez les hommes (76%).
87% des Français jouent à des jeux de société et 87% à des jeux de cartes devant les dames (64%), la pétanque (63%), les jeux de hasard de la Française des jeux (62%) et les jeux vidéo (57%) pratiqués par plus d’1 Français sur 2 alors que les échecs (36%), les jeux de paris sportifs (26%), les jeux de casinos (24%) et les jeux de rôle (22%) rassemblent moins de joueurs.
LES CHIFFRES CLÉS DU MARCHÉ DU JEU DE SOCIÉTÉ EN FRANCE
En quelques années, la France est devenue l’un des acteurs majeurs du monde ludique actuel et a largement contribué à la petite révolution que connaît le marché du jeu.
Le marché des Jeux de société/Puzzles, devrait dépasser les 400 millions € pour 2016 en France. Il a connu une forte croissance au cours des dernières années (+13% en 2015), boosté par les jeux de société familiaux qui devrait se poursuivre.
1000 nouveaux Jeux de société sortent chaque année sur le marché français.
Top 5 des catégories les plus contributrices en euros sur décembre
- Casse Têtes : +55%,
- Jeux pour enfants : +5%,
- Jeux Préscolaires +12%
- Jeux de plateau famille +4%
- Cartes stratégiques +15%
Source Panels NPD Group
Nombre de boîtes de jeux vendues en France: 2010 : 12 millions / 2015: 20 millions
Prix moyen d’un jeu en 2015: 20€
Profil du joueur de jeu de société: 25-40 ans / habite en ville / plutôt CSP+ / souvent ingénieur
Source : les français et les jeux – sondage juillet 2015 bva/doméo/presse régionale/observatoire de la vie quotidienne des français.
LE JEU DE SOCIÉTÉ CONNAÎT UN VÉRITABLE ÂGE D’OR, POURQUOI?
➡️ LE FINANCEMENT PARTICIPATIF
Ce qui a grandement changé entre 2006 et 2016, c’est l’avènement du financement participatif. Kickstarter et ses consœurs sont apparus en 2009-2010. Depuis, le financement participatif a radicalement changé les modes d’édition et de consommation. Le parallèle entre le nombre de sorties de jeux en forte croissance et l’émergence du financement participatif est facile à tirer. Grâce à Kickstarter, les éditeurs ont pu compter sur une avance de fonds leur permettant de lancer le jeu. Mais pas que.
Kickstarter est une formidable machine à communiquer. Si avant 2009 on achetait un jeu, sur Kickstarter on peut bénéficier d’une ribambelle de stretch-goals venus allécher le chaland. Des SG souvent anecdotiques mais ô combien nécessaires. La campagne de levée de fonds devient alors épique, on la suit comme une saison de télé-réalité pour suivre son avancement et croiser les doigts pour débloquer le prochain palier. Et on cherche alors à rallier ses amis à la cause. Avant, c’était « plus on est de fous et plus on s’amuse », aujourd’hui c’est « plus on est de fous et plus on débloque ». Le jeu est alors médiatisé, relayé. (…) Depuis 2009, grâce à Kickstarter, de nombreux jeux ont pu voir le jour. Des jeux qui n’auraient pas forcément pu être édités par la voie « traditionnelle ».
➡️ LES RÉSEAUX SOCIAUX – Ils permettent d’abord aux joueurs de partager leurs parties, leurs achats, leurs découvertes, et surtout ensuite aux professionnels, éditeurs, boutiques, auteurs, illustrateurs, de communiquer sur leurs produits.
Entre buzz qui tâchent et teasers somptueux, les réseaux sociaux sont devenus en 2016 de véritables chevaux de bataille publicitaires. D’ailleurs, depuis les années 2010 et l’avènement de ces médias omniprésents et intrusifs on ne parle plus de publicité mais bien de communication. On ne cherche plus à vendre mais à transmettre l’information. A la relayer. On partage comme on respire. La publicité est devenue honnie, la communication sacralisée. Le FOMO comme religion (FOMO, pour fear of missing out). Aujourd’hui on trouve tout à fait normal de « suivre » une boutique de jeux sur Facebook, sur Twitter, pour connaître les nouvelles sorties, les soldes, leur communication. Auparavant verticale, avec les réseaux sociaux la publicité est devenue horizontale, virale.
Les réseaux sociaux ont également permis aux communautés de naître. La communauté. Un vecteur important dans le partage et la prévalence d’information. La communauté est devenue une ressource capitale pour les professionnels. Certains emploient même des community-managers, des gérants de communauté. C’est tout dire. Branding et buzz sont devenus des vérités et des nécessités commerciales. (source: Gusandco.net)
LE FESTIVAL INTERNATIONAL DES JEUX DE CANNES, c’est
- Plus de 100 000 entrées sur 3 jours
- Plus de 300 exposants en 2017
- 30 000m2 d’expositions et animations
➡️ LE PRIX AS D’OR
Le label As d’Or, unique en France, a été créé en 1988
⇒ Cette année, 3 prix seront remis par le jury du label As d’Or, la sélection des meilleurs jeux de l’année 2017 dont le palmarès sera dévoilé jeudi 23 février
Le Jury des as d’or est chargé de sélectionner les pépites ludiques 2017 parmi plus de 1000 jeux de société édités en français sur le marché hexagonal. Originalité, qualité des règles, esthétique et surtout le plaisir de jouer sont les critères retenus par le jury d’experts.
Quelques vainqueurs:
- Time’s Up ! » (4 millions ex. vendus)
- Quarto (plus d’1 millions ex. vendus)
- Les aventuriers du rail (5 millions ex. vendus)
- Dixit (plus de 3 millions ex. vendus)
➡️ LES TENDANCES
Si la tendance est aux jeux d’ambiance et de communication, alors qu’un grand nombre de joueurs reviennent aux jeux de rôle un peu passés de mode, le narratif s’invite dans les jeux de plateau.
Des éditeurs proposent des expériences intermédiaires qui ravissent les joueurs de plus en plus sensibles aux thèmes, aux illustrations et aux univers forts ; une manière de partir en voyage dans le temps et dans l’espace. « Pandemic legacy », as d’or expert 2016 ajoute une surcouche narrative à l’un des grands classiques du jeu coopératif. Les joueurs qui se lancent dans l’aventure vont influer par leurs choix sur les mécanismes mêmes du jeu en modifiant le matériel en fonction des événements de la partie. Au bout de quelques parties, le jeu ne ressemble plus du tout à ce qu’il était à l’ouverture de la boîte !
Dans « t.i.me. stories » des Space Cowboys, les joueurs, au service de l’agence T.i.m.e., une organisation qui maîtrise le voyage dans le temps, sont propulsés dans des réalités parallèles.
Ce retour en force des jeux narratifs et des jeux d’aventure devrait continuer à se développer. Ainsi le très attendu « Unlock » des Space Cowboys, une aventure inspirée du phénomène des jeux d’évasion grandeur nature (live escape games) qui sortira pour le fiJ 2017.
Les escape games
Depuis l’année dernière, c’est la folie ! Presque toutes les villes du monde comptent désormais leurs escape rooms. Un concept simple : les joueurs enfermés dans une pièce ont moins d’une heure pour en sortir en résolvant des énigmes dissimulées dans la pièce. Pour réussir, on collabore, on partage une expérience dans un univers dépaysant. Plusieurs escape rooms seront proposées au public du festival.
Jeux coopératifs, à rôles cachés, jeux en équipes, chacun pour soi, semi-coopératifs… les joueurs de jeux de société ne se satisfont plus de changer d’univers, ils veulent vivre des relations particulières avec leurs voisins de table.
➡️ L’HISTOIRE DU SALON
Si à ses débuts le Festival International des Jeux était surtout dominé par le Bridge, le Scrabble et surtout les Echecs avec des compétitions auxquelles participaient bon nombre de Grands Maîtres Internationaux, mais aussi de grands événements, organisés par Damir Levacic et son équipe de Cannes Echecs, autour de quelques légendes de ce sport comme Anatoli Karpov, Gary Kasparov, Boris Spassky ou Victor Kortchnoi, les jeux de société s’y sont rapidement fait une place de choix, notamment en présentant les dernières nouveautés que le public pouvait tester sur place au cours de parties endiablées.
L’importance des jeux de société s’est encore accentuée avec la création des As d’Or récompensant les meilleurs jeux de l’année. Une remise de prix devenue un événement incontournable de la profession.
MYTHIC GAMES, avec Leonidas Vesperini, DG fondateur
Mythic Games est une toute jeune entreprise, une start up née le 1er octobre 2015, et dont l’activité a d’abord été exclusivement concentrée sur un seul jeu : Mythic Battles Panthéon. Ce jeu a été préparé pendant plus d’un an, pour être finalement lancé sur Kickstarter en novembre 2016. La campagne sur Kickstarter a duré un mois et a connu un fantastique succès puisque Mythic Battles: Pantheon a levé 2,7 millions de dollars auprès de 13,700 souscripteurs. C’est un record pour un premier jeu sans licence. A ceci s’ajoute une seconde phase appelée Pledge Management, qui se déroule actuellement, et qui permet aux souscripteurs de payer leurs frais de port et de rajouter de l’argent pour acheter des extensions du jeu. Nous prévoyons de récolter 1,3 million de dollars par ce biais, ce qui fera un CA total de 4 millions de dollars sur ce jeu. Le jeu étant co-édité avec une autre société nommée Monolith, le CA est donc à diviser par deux. L’effectif, quant à lui, est passé, grâce au succès de Mythic Battles: Panthéon, de deux à cinq employés : trois en France, un au Luxembourg et un au Royaume Uni. Mais nous travaillons avec beaucoup de prestataires externes. Sur un jeu comme Mythic Battles: Pantheon, l’équipe au complet a rassemblé 72 personnes. C’est énorme pour un jeu de plateau, on se rapproche des productions de jeux vidéo.
Leonidas Vesperini: « La création de Mythic Games s’est faite après le succès d’un premier jeu auquel j’ai participé, Conan, lancé lui aussi avec succès sur Kickstarter et édité par une société nommée Monolith, fondée par son auteur, mon ami Frédéric Henry. Le succès de ce jeu m’a convaincu d’arrêter mon ancien métier de journaliste (bien que je sois toujours propriétaire de mes titres) pour me consacrer à l’édition de jeux de plateau avec figurines. En plus de Conan, j’avais en effet un autre projet du même genre en tête, Mythic Battles: Pantheon, avec un autre auteur, Benoît Vogt, que je connaissais également grâce à mes revues. Nous avons alors fondé tous les deux Mythic Games, et peu après les premières démonstrations publiques du jeu, Monolith est venu nous trouver pour nous proposer de co-éditer le jeu. Grâce à cette co-édition et au succès de Conan, nous avons pu financer le développement pharaonique de ce jeu, soit 400,000 euros (ce qui est beaucoup pour un jeu de société).
Catherine Watine, Jury des As d’Or et propriétaire d’une ludothèque à Montreuil
Catherine Watine s’est lancée dans la vie professionnelle en tant que psychologue. Elle a toujours été convaincue que le jeu est un acte fondateur dans la vie de l’Homme. Depuis 30 ans, le jeu a envahi son espace vital. En 1986, elle crée Caracole, une entreprise de conseils, de formations et de vente dans le domaine du jeu. Depuis 1995, elle a rejoint le milieu associatif pour créer la ludothèque « 1,2,3…Soleil » dans le cadre de l’association « A l’Adresse du Jeu » à Montreuil.
De ludothécaire elle devient ludologue et est responsable du stage « jeu jouet espace ludique » à l’Ecole des Parents et des Educateurs. Elle est également chargée de cours dans le cadre de la licence professionnelle du jeu à l’université d’Angers. Elle tient une rubrique dans le magazine « Télé Star Jeux » et la revue « L’Ecole des Parents ». Elle est consultante pour l’organisation du festival du jeu de la ville de St Ouen. Enfin, Catherine Watine préside l’association « les Jeux sont Fête » qui met en scène des expositions « jeux d’hier, jeux d’aujourd’hui ».
Catherine Watine : «Les jeux et les jouets réenchantent le monde»
« Le jeu a occupé toute mon enfance, mon adolescence, et occupe encore la majeure partie de ma vie. Mon père était diplomate et, jusqu’à l’âge de 20 ans, j’ai vécu dans de nombreux pays du monde, de l’Afrique du Sud à la Norvège en passant par la Syrie, le Liban, la Jordanie. Dans les années 1950-1960, le Moyen-Orient était un endroit merveilleux, où tout le monde jouait. Mes parents étaient suffisamment intelligents pour ne pas nous laisser vivre en vase clos dans la communauté française.
Je me souviens avoir passé des heures à jouer dehors sur les terrains vagues avec des matériaux de récupération, des capsules, des caisses à savon. On dessinait des marelles, des labyrinthes dans le sable. Les adultes jouaient aussi au backgammon, au tric-trac, aux dominos…
Quand on arrivait dans un pays, on n’avait pas besoin d’en connaître la langue pour communiquer à travers le jeu. J’en garde des souvenirs de solidarité, de liberté, de gaieté et de convivialité. Je suis une privilégiée mais j’ose parler de misère heureuse. (…)
Quand j’ai eu moi-même des enfants, j’allais régulièrement avec eux dans une ludothèque, dont j’ai repris la direction. J’ai alors décidé de troquer ma toque de psychologue pour celle de ludologue. J’ai découvert que les ludothèques n’étaient pas des lieux de thérapie, mais des lieux thérapeutiques en soi : un enfant à travers le jeu peut régler ses conflits, se libérer de ses angoisses ; ses parents arrivent à mieux le comprendre, à communiquer avec lui, et leurs relations s’adoucissent.
Le jeu apporte de l’humour, de la légèreté, de la gratuité, qui leur permet de prendre de la distance par rapport à leur responsabilité éducative. Je suis persuadée que quand on joue avec son enfant, les relations à l’adolescence sont moins difficiles.
J’ai créé ensuite une entreprise de formation/conseil en aménagement d’espaces de jeux, dont je me suis occupée pendant dix ans. J’ai alors eu la chance de rencontrer l’équipe formidable d’une association « Toit Accueil Vie » (à Montreuil) qui s’occupait de mères adolescentes rejetées par leur famille. Leur accompagnateur, Alain Guy, psychanalyste, professeur en sciences de l’éducation à Paris 8… et joueur, voulait créer une ludothèque pour que ces jeunes mamans prennent plaisir à élever leurs enfants.
Très vite, cette ludothèque « 1,2,3 Soleil » – que je dirige encore aujourd’hui – s’est ouverte sur le quartier, la ville, et sur tout le département de la Seine-Saint-Denis. Nous avons créé des espaces où on peut jouer librement à tout.
Je suis en fait une utopiste. Je reste persuadée qu’on peut faire se rencontrer à travers le jeu des gens de tous les milieux, de toutes les cultures et de tous âges. Je vois ainsi des familles qui empruntent des jeux et invitent leurs voisins de palier pour jouer, alors qu’ils ne les invitaient jamais avant, « car ils ne savaient pas quoi se dire ».
Jean-Marc Sylvestre, journaliste et créateur du jeu ECOMANIA, édité chez Marabout
Nul en économie : même pas vrai !
Ce quizz n’a certainement pas été fait pour montrer que les français sont nuls en économie, mais plutôt pour prouver le contraire. Et oui nous ne sommes pas plus mauvais que les autres ! L’économie est partout et n’obéit qu’à une seule règle : celle du bon sens et du mieux vivre.
Drôle et entrainant, ce jeu composé de 1 000 questions est idéal pour les apéros entre amis et les soirées en famille.
Pensé et réalisé par deux experts de l’économie
Jean-Marc Sylvestre est un journaliste économique de renom qui fut directeur de l’information économique de TF1/LCI pendant 20 ans et éditorialiste sur France Inter. Auteur de nombreux ouvrages, il réalise aujourd’hui des documentaires économiques pour BFM Business et y présente une émission hebdomadaire.
Julien Gagliardi, diplômé du CFPJ Paris, est journaliste à BFM Business. Il a également produit des documentaires économiques pour la chaine avec Jean-Marc Sylvestre et fut chef de la rubrique Business du site Atlantico.fr.
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