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La licorne de demain sera française

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Tribune d’expert, signée Fabrice Clément, CEO et Fondateur de GOWEEZ

licorne-star-up.jpgEn France, les start-up ont tout pour se lancer : l’État met à disposition des moyens colossaux et un nombre impressionnant d’infrastructures pour stimuler l’entrepreneuriat. Pourtant, les licornes hexagonales, ces start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars en moins de dix ans, peuvent se compter sur les doigts d’une seule main. Sur les 196 membres du très prisé « club des licornes » recensés par CBInsight, seul quatre noms français apparaissent : Blablacar, Critéo, Venteprivée.com et OVH. La France donne naissance à beaucoup de start-up, mais sa fertilité reste très modeste lorsqu’il est question de faire émerger des licornes de son girond … jusqu’à aujourd’hui. Demain, tout aura changé.

Beaucoup de moyens, peu de résultats

En France, le montant moyen des subventions reçues par les start-up lors de leur lancement est de 200 000 euros. L’État joue un rôle primordial dans cette course à l’innovation. Ainsi, nombreuses sont ces jeunes pousses à bénéficier du crédit impôt recherche (90 %), du statut « Jeune Entreprise Innovante » (80 %), et d’un l’accompagnement personnalisé par des pépinières ou des incubateurs (76 %). L’écosystème entrepreneurial a clairement atteint son stade de maturité en termes de moyens.

Néanmoins, si elle est très favorable à la création de start-up, la France peine à assurer le service après-vente. Ainsi, une fois lancées, ces entreprises s’efforcent de trouver des financements pour se développer, croître et s’internationaliser … sans grand succés. La faute à un marché qui manque de fonds ? Oui. Mais c’est surtout la confiance qui fait défaut. Sans investisseur, pas de déploiement.

La France, nouvel eldorado des start-up ?

Si l’Hexagone met tout en œuvre pour propulser ses start-up, elles restent néanmoins cantonnées à un statut national. Malgré une belle place de numéro 2 européen, la France est encore à la traîne. Pourtant, le pays affiche une ambition claire : devenir une « scale-up nation » d’ici 2018. Tous les voyants sont au vert : Facebook s’installe à Paris, l’école 42 rayonne outre-Atlantique, les start-up sont davantage excubées qu’incubées. En somme, les grands patrons ont compris l’intérêt de former les nouvelles générations en créant des infrastructures à leur image. Ainsi, si l’écosystème start-up reste marqué par ses difficultés à s’internationaliser, il a tiré les enseignements de ses échecs et laboure, depuis quelques années, une terre qui s’avère de plus en plus féconde.

Au premier trimestre 2017, plus de 50% des fonds investis dans la « French Tech » étaient étrangers. Un record européen qui souligne la stabilité du marché tricolore. L’état d’esprit entrepreneurial s’ouvre de plus en plus à l’international, et le coup de foudre est réciproque : les qualités de management et d’innovation françaises attirent les capitaux venus d’ailleurs. Malgré des résultats encore voilés, la France a aujourd’hui toutes les cartes en main pour s’élever au rang de « start-up nation ».

« Think Global »

Il y a quelques années, les start-up françaises peinaient à susciter des levées de fonds supérieures à dix millions de dollars. Pourtant, sur la seule année 2016, neuf d’entre elles ont atteint au moins 30 millions de dollars. La pépite OVH a culminé à 251 millions, et Sigfox, licorne en devenir, à 156. Une dynamique très positive qui permet désormais à la France de talonner sa voisine britannique, actuel leader européen dans la course aux start-up. Pourtant, si les levées de fonds sont stratosphériques en Grande Bretagne, les business angelsinvestissent plus de capitaux dans un nombre réduit de structures là où il se permettent, en France, de diversifier leurs poulains. Malgré un soutien financier moins spectaculaire, ils permettent ainsi au marché de se fluidifier en donnant leur chance à davantage d’idées. Un pas vers la réussite que ces entreprises françaises doivent capitaliser en pensant « monde », alors qu’elles pensent encore trop « France » et « Europe » aujourd’hui. Il est temps que l’Hexagone se mette au célèbre adage entrepreneurial : « Think Global », conditionsine qua non de son accession au trône européen et de la mondialisation de ses start-up.

Aujourd’hui, les jeunes entreprises françaises parviennent à soulever des sommes record pour se développer. Elles ont toutes les cartes en main pour conquérir le monde avec leurs idées, leurs capacités, leurs ambitions et disposent de moyens mis à leur disposition. Tout est là pour que leur force économique rayonne et leur permette de se pérenniser en devenant des ETI. Menée par les générations Y et Z qui ont déjà compris les codes de demain, la France est prête à s’imposer comme leader européen.

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François Nemo, de ifBranding: « Il faut faire tomber les GAFA et défendre la souveraineté française ». C’était au Business Club (podcast)

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UNIQUEMENT À LA RADIO!

Dans le Business Club de France | Uniquement sur
BFM Business Radio

→ Diffusion : samedi 10/09/2016 à 7h | dimanche 11/09/2016 à 15h

TALK 1: OXFORD lance le premier agenda scolaire connecté

TALK 2: La France manque-t-elle de vision ? François Nemo, de ifBranding, dénonce l’inertie de l’écosystème entrepreneurial

TALK 3: Economies de carburant, détection de pannes: avec Akolyt, le boîter de DRUST, la voiture devient connectée

TALK 4: Le rendez-vous du médiateur, avec Pierre Pelouzet

TALK 2: François Nemo, de ifBranding

Ecouter, réécouter et télécharger cette interview:

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François Nemo, fondateur de ifBranding

François Nemo dirige ifBranding, cabinet de conseil en stratégie de rupture (positionnement, business plan, levée de fonds, stratégie de communication, stratégie digitale, études de marché).

De plus en plus de pépites françaises sont rachetées par des groupes étrangers… Manque-t-on de financement en France pour retenir nos talents? Non, répond François Nemo, nous manquons de vision. Comment faire pour affirmer la souveraineté française et européenne sur l’échiquier économique mondiale, face aux GAFA ?

DANS FRENCHWEB – Withings ou l’histoire d’une naïveté française

Le spectaculaire rachat de Withings par Nokia ne traduit pas comme on l’évoque systématiquement la faiblesse de notre système de financement mais le manque de vision et d’engagement de notre scène entrepreneuriale. L’incapacité à créer des écosystèmes à l’échelle mondiale afin de se positionner dans la guerre du numérique qui oppose la Chine aux Etats-Unis. Il est temps de se mobiliser pour «faire tomber les GAFA» et défendre notre souveraineté.

Après Captain Train racheté par les Anglais pour 200M€, c’est au tour d’un emblème de la technologie française Withings et qui a fait grand bruit au CES de Las Vegas en jouant la carte du made in France, de passer sous le contrôle de Nokia pour 170M€. Et il y a fort à parier que Blalacar ne résisterait pas à une proposition de Facebook si ce dernier décidait d’introduire le covoiturage dans sa palette de services pour connecter la planète. L’aventure de ce que l’on appelle les pépites à la française n’a malheureusement qu’une seule issue : un gros chèque !

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L’intelligence first

Plus la technologie se développe et plus elle s’efface derrière les idées. Le «purpose» ou la raison d’être. Les grands acteurs du numérique l’ont compris en prenant le virage de «l’intelligence first». Le produit devient une fonctionnalité qui s’intègre dans une plateforme dont le rôle est de résoudre les problèmes du monde, la santé, les déplacements, les loisirs… gérer une communauté, organiser un écosystème circulaire, itératif, ouvert et inclusif qui met en contact directement les utilisateurs et producteurs pour raccourcir et optimiser l’interaction. C’est la mort annoncée des sites et des applications. Le rôle de l’entrepreneur est alors de défendre une «vision» et ensuite de designer le système qui va avec. C’est un chef d’orchestre plus qu’un créateur de ressources qui va défendre les actifs clés de l’entreprise ; les idées et les données. Dans ce nouveau contexte, des entreprises mono-produits comme Withings n’ont aucune chance de se développer sinon à intégrer un écosystème. On peut d’ailleurs s’interroger sur les véritables bénéfices pour Whitings d’un rachat par Nokia ? Dropbox ou Evernote en ont l’amère expérience en cédant au pouvoir de frappe des grandes plateformes. Et que dire de la pertinence de cette phrase de Steve Job : «Vous êtes une fonctionnalité et non pas un produit», en refusant de racheter Dropbox il y a dix ans ?

La nouvelle guerre des écosystèmes

C’est sur le terrain des écosystèmes que s’affrontent désormais les deux géants du numérique, les Etats-Unis avec les GAFA, sous-tendus par une idéologie, et la Chine avec des entreprises plus pragmatiques comme Alibaba, Wechat qui ont su développer de nouveaux écosystèmes dans des secteurs en plein essor en créant de nouveaux modèles de business et qui après avoir touché un nombre impressionnant d’utilisateurs sur leur marché intérieur commencent à se positionner à l’international en déclenchant une lutte féroce avec les Américains. C’est dans ce contexte que les GAFAs (principalement) font leur «marché» aux quatre coins de la planète pour alimenter et enrichir leur écosystème. Et la France avec la qualité de sa recherche et le dynamisme de ses start-up est un terrain de chasse particulièrement attractif.

Pourquoi l’Europe n’est pas en mesure de créer des écosystèmes à l’échelle mondiale ?

Le rachat de Withings n’est pas comme on l’évoque un problème de financement. Un écosystème européen d’investissement inadapté qui empêcherait un scale-up rapide de nos pépites. Le périmètre de Withings, quels que soient les fonds qu’on y injecte, rend de toute façon un développement impossible hors d’une plateforme. La question est pourquoi l’Europe n’est pas en mesure de créer des écosystèmes à l’échelle mondiale au sein desquels des pépites comme Withings trouveraient toute leur place ?

Nous ne pensons pas le numérique à la bonne échelle !

Nos discours sur le made in France, la mise en scène autour de nos champions du numérique et de leur présence au CES appuyée par le ministre de l’économie en personne a quelque chose de naïf et de pathétique. Toutes nos infrastructures institutionnelles ou privées, accélérateurs, groupes de réflexion, French tech, CNNum, École 42, The Family, l’accélérateur ou le NUMA, pour ne citer que les plus en vue ne sont pas programmées pour développer des plateformes avec des visions mais des produits et des fonctionnalités ou des lois et des rapports. C’est notre culture économique et entrepreneuriale qui est en cause. Un monde encore très marqué par la culture de l’ingénieur et du spécialiste. Un monde qui n’est pas familier et qui reste méfiant envers les notions de vision et d’engagement et plus généralement envers le monde des idées. Des entrepreneurs plutôt conservateurs qui ne perçoivent pas la nature profondément subversive de la révolution numérique et la nécessité de changer leur «échelle de réflexion».

Des grands groupes qui ont tous un potentiel de start-up

Nous pourrions aussi nous appuyer sur les grands groupes qui ont tous un potentiel de start-up à l’image de l’Américain Goldman Sachs qui déclare : «Nous ne sommes plus une banque, mais une entreprise de technologie, nous sommes les Google de la finance», en faisant travailler trois mille cinq cents personnes sur le sujet et en annonçant un train de mesures comme l’ouverture en open source des données de marché et de gestion des risques. On imagine très bien des entreprises comme La Poste et Groupama dont les métiers vont être radicalement remis en cause dans les cinq prochaines années préparer l’avenir en organisant un écosystème autour du soin et de la santé (par exemple) qui intègre Withings et ses savoir faire. Mais en écoutant les représentants de ces grands groupes, Pierre Gattaz ou de Carlos Ghosn par exemple, on perçoit rapidement leur vision court terme et leur manque d’intérêt (ils n’ont rien à y gagner) pour les stratégies de rupture.

Sommes-nous prêts à vivre dans un «Internet Fisher Price»

Sommes-nous condamnés à devenir des satellites, à perdre notre souveraineté économique et de sécurité en restant sous l’emprise des GAFAs. Ou encore comme le propose François Candelon, Senior Manager au sein du Boston Consulting Group dans un très bon article «de regarder ce que la Chine peut nous apprendre et nous apporter» et de «créer une route de la soie du numérique». Sommes-nous condamnés à choisir entre Charybde et Scylla ? Non ! Car si les géants du web avec leur vision ont ouvert la voie à de nouvelles relations en construisant les entreprises les plus disruptives de l’histoire, elles nous laissent face à un trou béant. La «technicisation de l’individu». Sommes-nous prêts à vivre dans un «Internet Fisher Price», comme le titrait Viuz «dans des résidences fermées» gérées par des machines «avec des bosquets rondouillards, des pelouses impeccables et des routes goudronnées» où règne l’exclusivité, le premium et la rareté en laissant à la porte toute une partie de la population. Des sortes de maisons de retraite ultra sécurisées pour les plus fortunés ?

Faire tomber les GAFA

Il faut sans aucune hésitation nous engouffrer dans une troisième voie : «Faire tomber les GAFA». Si la formule est quelque peu provocante, elle incite à la mobilisation. Le retard sera difficile à rattraper, mais il est temps pour l’Europe de s’appuyer sur ses valeurs historiques et fondamentales pour construire de nouveaux écosystèmes et entrer de plain-pied dans la guerre économique qui oppose les deux grands blocs. Proposer des alternatives aux GAFAs. «Se servir des algorithmes et de l’intelligence artificielle pour créer une intelligence augmentée et résoudre les problèmes complexes que l’urgence écologique et sociale nous pose», comme le dit Yann Moulier Boutang. Intégrer les nouvelles technologies pour rééquilibrer les rapports de force, trouver les clés d’une véritable économie du partage et de la connaissance, s’attaquer à la question de l’avenir du travail, de sa rémunération, de la santé, du libre-arbitre, de l’éducation…

Changer d’échelle

Une rupture qui nécessite de changer d’échelle en bousculant notre culture économique et notre appréhension du monde. Une rupture qui, si elle se heurte encore à une «diabolique» inertie, s’impose comme une nécessité pour beaucoup d’entre nous.

DANS FRENCHWEB – SUR L’UBÉRISATION

Pendant que nous remplissons les colonnes des sites d’information de polémiques sur les aspects législatif et éthique des plates-formes on-demand et que les experts s’insurgent contre les effets de l’Ubérisation, ces mêmes plates-formes construisent à notre insu des écosystèmes planétaires, les monopoles les plus disruptifs de l’histoire. Ces polémiques sur les questions de partage ou de protection des chauffeurs (Uber), même légitimes, ne sont pas à la hauteur de celles que soulèvent l’apparition de ces nouveaux géants américains et chinois qui sont déjà « au-delà », dans une lutte féroce pour gagner la guerre des écosystèmes qui vise à contrôler des pans entiers de l’économie mondiale dans une logique entrepreneuriale qui, loin d’être révolutionnaire, ressemble fort à celle de l’automobile à Detroit dans les années cinquante.

La création de monopoles

Apple s’empare de Didi pour contrer Uber et Mercedez et dominer le secteur du déplacement et de la logistique ; Microsoft rachète Linkedin pour combiner le Cloud et le réseau et devenir LE partenaire du monde professionnel, particuliers ou entreprises ; Airbnb, bien au-delà des services de location, vise le secteur des voyages dans toutes ses composantes, personnelle et professionnelle, restauration, loisirs et peut-être déplacement, culture, sport ; Amazon et Alibaba s’entredéchirent pour le commerce de « tout » ; Facebook relie l’ensemble de la planète et devient le passage obligé de l’accès à l’Internet ; Google, la source unique d’accès au savoir, LA machine Learning.

Je pense à Seed-Up, mi-incubateur, mi-coloc de geeks, la première hacker house de France et à son leader Paul Poupet qui refuse tout autant le confort des incubateurs que les appels du pied de Google et installe sa communauté dans un pavillon à Fresnes. Je pense à Oscaro, avec son dirigeant Pierre-Noël Luiggi, l’un des rares acteurs français qui a réussi à faire tomber le monopole des constructeurs automobiles sur les pièces détachées et à mobiliser une équipe de chercheurs pour créer un moteur de recherche intelligent. Des acteurs culturellement aptes à franchir le cap de l’écosystème « transversal » s’ils réussissent à changer d’échelle, se hisser jusqu’au purpose, cette « raison d’être » si étrangère à la culture entrepreneuriale hexagonale. Ce « quelque chose de plus grand que soi » qui donne le nord et projette dans une autre échelle de business, “l’intelligence first” à travers l’intelligence artificielle et le Deep Laerning.

BlaBlaCar rejoint le club des « Licornes »!

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Frédéric Mazzella, président fondateur de BlaBlaCar

La startup vient en effet de confirmer une levée de 200 millions de $ (177 millions €) auprès d’Insight Venture Partners et Lead Edge Capital. Elle fait donc désormais partie des « licornes », ces start-up non cotées en bourse évaluées à plus d’un milliard de dollars !! Aujourd’hui, 40 entreprises européennes sont des licornes. En France, elles sont au nombre de 3: Vente Privée, Criteo, et désormais BlaBlaCar.

« Créé en 2006 sous le nom de covoiturage.com, la jeune pousse basée à Paris revendique déjà plus de 20 millions de membres dans 19 pays, « sur trois continents », séduits par ce mode de transport économe et convivial.

« A partir de 2016, on va vraiment mettre les voiles vers l’Asie », ambitionne Nicolas Brusson, qui commence à regarder des marchés comme la Chine (« même si c’est compliqué ») ou encore le Japon, la Corée du Sud et l’Indonésie. « Aujourd’hui quand on voit comment on marche en Russie, en Turquie, en Inde ou en Europe, je me dis qu’il n’y a pas vraiment de raisons pour que cela ne soit pas le cas en Asie », espère-t-il.

Si l’entreprise n’est pas « encore rentable », elle enregistre une croissance de son chiffre d’affaires qui « double tous les ans depuis 2010 » et préfère continuer à investir rapidement pour maintenir son hypercroisance, avec notamment « huit acquisitions réalisée en trois ans ».

Selon une étude du cabinet EY, les investissements en capital-risque ont progressé de 70% en France au cours du premier semestre 2015. Avec 759 millions d’euros, le pays est au deuxième rang européen en nombre d’opérations derrière le Royaume-Uni. (article intégral sur Le Monde)